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Peindre, comment dire…

La peinture est l'art de l'illusion heureuse. Plus on est conquis par un tableau, plus on est attaché à sa genèse, à son histoire ; il devient un élément de son imaginaire.

François Ruisseau


Une approche scénarisée de l’œuvre

Je conçois mon travail de peintre à la manière d’un scénariste, dont l’art est de provoquer des situations au centre de la scène, la surface blanche où le jeu des formes et des couleurs doit s’exprimer. Ce que je cherche à produire, ce n’est pas tant l’image (qui viendra de fait) c’est une histoire aussi simple soit-elle, que je voudrais faire partager. Le "tableau" me semble réussi lorsque la narration s’impose in fine d’elle-même. Les thèmes que j’aborde sont le plus souvent empreints de souvenirs de situations diverses, de lumières dans les villes, de lueurs sur les visages, de lectures, de théâtres de carton, de comédies singulières. Je ne suis pas en quête d’un propos purement esthétique.



Sur la route de Tucuman, 2022, Huile sur toile, 50x65 cm (19,7x25,6 in). ©François Ruisseau

Sur la route de Tucuman, huile sur toile : représentation d’une scène de voyage en Argentine où j’avais ressentis après quelques heures de route, l’inversion des saisons. Le paysage devenait un décor plus séduisant que le paysage réel, un double poétique en symbiose à l'original, à n’en plus distinguer l’un de l’autre.



Influences et confluences

Je suis originaire du Sud de l’Occitanie, terre Cathare entre océan et Méditerranée, terroir de combat, de passage, et refuge protecteur au gré des évènements de l’histoire ; celle-ci a probablement influencé mes premières années de conscience. Mes éblouissements picturaux de jeunesse je les dois à mes parrains de substitution : le premier choc fût la rencontre de Goya, Francisco de Goya, à quelques pas de la maison familiale au musée de Castres. Je découvris, avec la collection des Caprices (Los Caprichos), que l’image aussi magnifique fut-elle était un prétexte à clamer, à témoigner, à hurler. Le second, ce cher Henry de Toulouse- Lautrec ! J’observais la grâce de son trait, intuitif, habile, stupéfait de ressentir chez lui autant d’empathie et de tendresse pour les hommes et les femmes qu’il peignait.



Portrait de Francisco José de Goya y Lucientes (d'après son autoportrait du Musée Goya de Castres), 2019,

Huile sur toile, 41x33 cm (16,1 x13 in). Collection privée, Paris. ©François Ruisseau


La proximité de l’Espagne, nous conduisait en famille à Madrid, au Prado se trouvaient tous les autres ! Velázquez, Le Greco, Zurbarán, Mantegna, et l’école Flamande (les Pays-Bas rattachés en son temps à la Couronne d’Espagne), Rubens, Van Dyck, Brueghel, Bosch, Van Eyck, Memling. À Barcelone, en Catalogne dans un autre registre j’ai rencontré, bien sûr, l’œuvre de jeunesse de Picasso et le graphisme enjoué de Miró. Plus tard à Paris, lors de mes études artistiques, je me suis passionné pour le dessin descriptif, le dessin de nu et l’anatomie. Le portrait est venu par désir d’approcher la personnalité ; il me fait accéder au romanesque. Cette attraction physique pour la peinture me conduit inlassablement au Musée du Louvre pour y saluer des visages emblématiques comme l’autoportrait de Jean Fouquet qui nous interpelle par sa présence depuis son 15ème siècle. L’intimité produite par la puissance de ces chefs-d’œuvre est vertigineuse.



Femme de Picasso au bonnet turc de Ruisseau, (Série des trois courges), 2020, adaptation d'après la peinture de Pablo Picasso (Femme au bonnet turc, 1955, Centre Georges Pompidou), huile sur toile, 46x36 cm (18,1x14,2 in),

collection privée, Normandie. ©François Ruisseau


Carnets de voyages : caminando

La richesse du cheminement ! Découvrir des territoires, d’autres visages, échanger avec des personnalités si différentes, est un bonheur qui se situe dans le registre du désir, de l'inquiétude, de l'espérance. Un long voyage à travers l’Amérique du Sud, essentiel, et puis bien plus tard sur les mêmes sentiers du Pérou ; ces déambulations attentives ont élargi mon horizon. Lorsque je dessine un personnage il prend pour moi une dimension universelle. Je ne peux peindre sans une référence issue d’autres cultures, par affection ou fidélité à ces chemins de cailloux, peints également par Giotto di Bondone, Lucas Cranach, Nicolas Poussin, Pierre Patel, Claude Lorrain et les autres, ou dans un genre "plus opératique" de ceux d’Albert Bierstadt ou de Caspar David Friedrich.


Sur le chemin des Incas à Calca (Pérou), 1998,

Huile sur toile, 50x61 cm (19,7x24 in). ©François Ruisseau



Familia colombiana, 2022,

Huile sur toile, 92x73 cm (36,2x28,7 in). ©François Ruisseau

Petite famille de la région de la Huila, Colombie.

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